A biologist's tale from Martinique
*Article available in french only
Le Zoo de Granby est investi dans la protection et la conservation de la biodiversité terrestre, localement et à l’international! Récemment, le biologiste Patrick Paré, directeur Conservation et Recherche au Zoo, est parti en mission de recherche scientifique en Martinique, une île paradisiaque des Caraïbes, notamment afin d’écumer ses plages… la nuit!
Pourquoi?
Afin de surveiller la ponte d’immenses tortues marines, qui dépendent de ses vastes étendues de sable fin pour se reproduire. Ce projet de recherche n’est que le premier à l’intérieur d’une vaste entente de 5 ans avec l’Université de Sherbrooke et son département de Biologie.
Envie de faire un tour dans les Caraïbes? Allez! On vous emmène!
Entente avec l'Université de Sherbrooke
De l’entente entre l’université et le Zoo de Granby, quatre projets de maitrise verront le jour entre 2023 et 2026 : le premier concerne la préservation des tortues marines en Martinique, et plus précisément la tortue imbriquée et la tortue luth, deux espèces menacées par les activités humaines.
Notre biologiste allait donc rejoindre l’étudiant à la maitrise, déjà sur place depuis avril dernier, entre autres afin de constater le travail réalisé sur le terrain et d’assister à la collecte de données.
L’objectif de l’étudiant est de recenser les tortues qui viennent pondre sur trois plages distinctes, d’évaluer le succès reproducteur des femelles et de déterminer les menaces pouvant affecter la ponte et la survie des œufs.
En plus de l’expertise et du soutien financier du Zoo de Granby, l’étudiant profite d’une équipe solide d’experts locaux pour l’entourer, dont Aquasearch, avec Benjamin de Montgolfier à sa direction : ce biologiste marin est rattaché à l’Université des Antilles et agit à titre d’expert au groupe outre-mer de l’UICN France.
Les deux pieds dans le sable
C’est donc dans ce contexte que s’est retrouvé, les deux pieds dans le sable, le biologiste Patrick Paré et qu’il a pu assister, entre 2 rencontres avec des partenaires de conservation locaux, à la ponte nocturne de ces gros reptiles et au travail des professionnels sur le terrain.
Ne s’improvise pas chercheur qui veut : le protocole de recherche requiert de nombreuses exigences d’un point de vue éthique et le bien-être des animaux est prioritaire dans l’ensemble de la démarche scientifique et la collecte de données : seuls les experts ont l’autorisation d’y participer.
Pourquoi?
Parce que la récolte d’informations exige de s’approcher des tortues au moment de la ponte, mais cette proximité ne peut se faire qu’à un moment très précis : autrement, le reptile risque d’être dérangé. Les données ainsi récoltées sont précieuses et permettront de mieux comprendre ce qui affecte le succès reproducteur de ces espèces menacées et de mettre en place des mesures ciblées de conservation.
Pourquoi récolter ces informations ?
La raison est simple : les populations sont en baisse. Les plages de sable fin nécessaires aux tortues pour pondre leurs œufs sont également très prisées des touristes.
L’achalandage sur les plages, le bruit, la pollution lumineuse et la présence de prédateurs, indigènes ou introduits, sont autant de facteurs qui affectent le succès de ponte d’une tortue et qui seront analysés par l’étudiant de l’Université de Sherbrooke.
Bien comprendre d’où vient le problème afin de proposer des solutions efficaces! Le saviez-vous? Même les sargasses, les algues qui envahissent les plages des Caraïbes, nuisent au succès reproducteur des tortues! En s’échouant sur les plages, elles libèrent du sulfure d’hydrogène et de l’ammoniac qui pénètrent le sable et tuent les œufs.
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C’est équipé d’une lampe infrarouge que notre biologiste a accompagné les équipes terrain à la mi-mai.
Fébrile, il a observé de loin une grosse tortue luth et deux tortues imbriquées se trainer péniblement sur le sable, creuser un trou et s’installer pour y déposer patiemment (la ponte peut durer 1 heure!) quelques dizaines d’œufs.
C’est au moment de la ponte que la tortue entre dans une forme de transe et cesse de se préoccuper de son entourage : c’est alors que les professionnels de la conservation peuvent s’approcher de l’animal.
Ils procèdent discrètement à une prise de photos de la tête (chaque motif est unique à chaque tortue, sa carte d’identité en quelque sorte), font quelques mesures et bien à plat dans le sable derrière le reptile, comptent les œufs (voir la vidéo). Dans quelques mois, les experts reviendront pour évaluer le succès de chaque nid, après la période d’éclosion.
Pour l’étudiant en biologie, le travail ne fait que commencer. Mais l’espoir de contribuer aux efforts de conservation d’espèces essentielles à leur milieu est une motivation suffisante et le Zoo de Granby est fier de participer à la recherche scientifique dédiée à la protection de notre biodiversité.