Accélérer le pas pour la sauvegarde des TORTUES!
Le 23 mai, c’est la journée mondiale des tortues :
une célébration de ces animaux absolument uniques en leur genre, mais aussi le douloureux rappel que bien qu’elles aient passé au travers de plus de 200 millions d’années sur Terre, près de 60 % de ces reptiles à carapace sont désormais menacés d’extinction en nature.
Au Zoo de Granby, nous hébergeons quelques espèces, dont l’une que nous incubons en sécurité en laboratoire, pour ensuite la retourner en nature. On vous présente trois de nos superstars de la journée!
La tortue molle à épines : espèce en péril au Québec
Comme son nom l’indique, cette tortue ne porte pas de carapace de kératine: son dos est plutôt couvert d’une peau qui a l’apparence d’un cuir souple, mais qui demeure plutôt rigide. L’aspect singulier de sa « carapace » rappelle une crêpe. Essentiellement aquatique, elle possède un long cou et sa tête porte un nez allongé qui lui sert de tuba lorsqu’elle est submergée.
Au Québec, cette espèce est désignée menacée d’extinction : la seule population de cette espèce dans la province se trouve dans la région de la Baie Missisquoi (lac Champlain) et un seul site de ponte principal est connu au Québec, dans la rivière aux Brochets. On estime à quelques centaines seulement le nombre d’individus adultes en nature dans cette région. La perturbation de son habitat, les activités humaines et la prédation sur les œufs et les jeunes par la faune urbaine (ratons, moufettes) sont parmi ses principales menaces.
Depuis la fin des années 90, le Zoo de Granby est impliqué sur la table de rétablissement de la tortue molle à épines au Québec, en plus de protéger les nids et récolter les œufs depuis 2009 afin de leur permettre de se développer à l’abri des inondations et des prédateurs. C’est plus de 2 300 petites tortues qui ont ainsi été protégées durant l’incubation et retournées en nature après l’éclosion. Un travail colossal par nos équipes d’experts!
La tortue d’Aldabra, véritable vestige d’une époque préhistorique!
Elle peut peser jusqu’à 250 kg (560 lb) et vivre jusqu’à 190 ans, si on en croit le livre des records Guinness. Son apparence rappelle vaguement celui des dinosaures et le rythme de ses activités trahit une lenteur abyssale. La tortue d’Aldabra (ainsi nommée en l’honneur des îles d’Aldabra d’où elle est originaire, dans l’océan Indien) est la plus grosse tortue terrestre. Végétarienne, elle compte sur son long cou pour aller chercher la végétation en hauteur. Comme toutes les tortues, elle n’a pas de dents, mais son bec corné est tranchant pour couper plus facilement les herbes et le feuillage afin de les manger.
La tortue d’Aldabra est considérée vulnérable sur la liste rouge de l’UICN (Union Internationale de Conservation de la Nature). On estime leur nombre à près de 150 000 sur les îles d’Aldabra, les rendant uniques sur Terre : pour cette raison, le tourisme y est très contrôlé. Si la population semble relativement stable de nos jours, il n’en fut pas toujours le cas : la tortue était particulièrement menacée à la fin du 19e siècle. À l’époque, les humains ont introduit sur les îles des prédateurs et des compétiteurs comme les rats, les chiens, les chèvres et les sangliers, menaçant la population de gros reptiles. Elle a aussi très longtemps été chassée par les marchands venus d’Europe et qui les embarquaient sur les ponts des bateaux.
Au Zoo de Granby, nous hébergeons quatre tortues d’Aldabra… dont trois dont nous ignorons l’âge véritable! Arrivée au Zoo de Granby en octobre 1984, les individus ont d’inscrit à leur dossier médical « date de naissance indéterminée ». On sait donc qu’elles sont âgées d’au moins 40 ans, mais nous les soupçonnons d’être bien plus âgées encore puisqu’elles étaient de taille adulte à leur arrivée!
Tortues vertes : magnifiques vaisseaux des océans!
Elles doivent leur nom non pas à la couleur de leur carapace, mais à celle de leur graisse. On les retrouve dans l’océan Pacifique, Atlantique, et Indien, de même que dans la mer des Caraïbes et dans la Méditerranée. Comme toutes les tortues marines, ses membres antérieurs (pattes avant) sont transformés en longues palettes natatoires, qui fonctionnent comme des rames. Sa carapace hydrodynamique lui permet de nager sans effort et d’atteindre des vitesses surprenantes… sous l’eau! Seules les femelles regagnent lourdement la plage qui les a vues naitre une fois par année, à maturité, pour pondre à leur tour. Les mâles ne remettent jamais les pattes sur la terre ferme de leur vie.
Elle est également considérée en danger d’extinction sur la liste rouge de l’UICN. Elle est menacée par la présence humaine, la modification de son habitat et la perte de ses sites de ponte. Le taux de mortalité chez les jeunes est extrêmement élevé, d’autant plus qu’il doit s’écouler une vingtaine d’années avant qu’une femelle puisse se reproduire. La pollution de l’eau entraîne une dégradation de l’habitat marin et la rend plus fragile, notamment à l’absorption de plastique.
Depuis 2023, les biologistes du Zoo de Granby participent à un vaste projet de conservation pour la protection des tortues marines en Martinique, avec des partenaires d’ici (dont le Cégep de Granby et l’Université de Sherbrooke) et sur place, dont Aquasearch. Nos experts ont pu observer la ponte nocturne de ces reptiles sur les plages, et participer à la sensibilisation des touristes à l’utilisation des plages par les tortues.