«Bromance», «girl crush» et partenaires tous genres
S’unir autrement dans le règne animal!
On le sait, il existe plus d’une façon d’aimer! C’est vrai pour nous comme pour les animaux. À quelques jours de la célébration de la fête de l’amour, on sort des sentiers battus et on explore les mille et une façons qu’ont les bêtes à plumes, à poils et à écailles de s’acoquiner temporairement… ou pour longtemps!
Fratries et clubs de célibataires
Trop souvent romancé, généralement idéalisé, survivre en nature dans un milieu hostile est loin d’être une sinécure (parlez-en au personnage de Tom Hanks dans « Cast Away »!). La compétition pour les ressources est féroce et les quelques privilégiés qui obtiennent un territoire le défendent bec et ongles contre les intrus. Chez les mammifères sociaux, il n’est pas rare que les femelles demeurent dans le groupe qui les a vues naitre : pour les jeunes mâles, c’est une autre paire de manches! La maturité sexuelle atteinte, ils deviennent vite une compétition potentielle pour leur géniteur et sont alors souvent « invités » à quitter le groupe… avec quelques coups de griffes en prime!
Privés de l’expérience et de la protection du groupe, ces jeunes exclus se regroupent alors parfois entre eux afin d’augmenter leurs chances de survie. Ils peuvent être apparentés, des frères issus des mêmes parents, ou non. On remarque de telles alliances notamment chez les lions : alors que les mâles sont connus pour être compétitifs, des frères ou des coalitions de mâles travaillent souvent ensemble pour contrôler et défendre une troupe. Dans certaines situations, les gorilles mâles forment également des groupes de célibataires où ils vivent et voyagent ensemble, partageant les tâches liées à la recherche de nourriture et à la protection. Le Zoo de Granby héberge d’ailleurs avec succès un groupe formé de 4 mâles célibataires!
Une pour tous et tous pour une!
Si la reproduction est le passage obligé vers la transmission des gènes, plusieurs espèces animales vivent sous un modèle social matrilinéaire, basé sur des groupes de femelles dominants. Dans certains, l’alliance féminine forte pousse même les mâles à vivre en périphérie du groupe composé de femelles apparentées. Le modèle par excellence de ce type de lien féminin très fort se trouve chez les éléphants. Chez ces mastodontes, pas de compétition pour élire la cheffe de clan : c’est l’individu la plus âgée qui dirige le groupe, faisant profiter à ses filles, ses sœurs et ses nièces son expérience et sa connaissance du territoire. Chez ces animaux, la communauté est tissée serrée et les caresses avec la trompe servent notamment à renforcir les liens entre les individus. Les mâles sont généralement considérés avec méfiance, leur comportement pouvant être imprévisible.
Mais tout n’est pas rose dans les régimes à prédominance féminine! Chez les suricates, les femelles ne sont pas des enfants de chœur : selon une étude datant de 2016, les femelles ont deux fois plus de testostérone que les mâles, ce qui expliquerait en partie un comportement défini comme « tyrannique ». Au sommet de la hiérarchie, la femelle suricate dominante est parfois si agressive qu’elle va jusqu’à exiler les autres femelles gestantes ou tuer leur progéniture. Tout ça pour être la seule à procréer et que les autres femelles s'occupent uniquement de sa descendance.
L’homosexualité chez les animaux
Jadis considérée comme tabou, l’étude de l’homosexualité dans la nature a souffert par le passé de préjugés tenaces. Depuis, elle a été observée chez plus de 1 500 espèces animales et étudiée sur plus de 500 d’entre elles, notamment chez les dauphins et les girafes. Et il ne s’agit pas d’une question d’enjeux de « disponibilité » de partenaires: plusieurs espèces étudiées choisiraient d'avoir des relations homosexuelles plutôt qu'avec un individu du sexe opposé, alors qu'ils ont le choix. Ces comportements ne s'arrêtent d'ailleurs pas à l'aspect sexuel, puisque de l'homoparentalité a également été observée chez plusieurs espèces.
Dans le règne animal, on recense de nombreux cas de coparentalité entre individus du même sexe, notamment chez les oiseaux : on compte jusqu’à 20 % de paires mâles chez certains groupes d’oies cendrées. Le cygne noir australien, une espèce hébergée au Zoo de Granby, est un autre exemple d'homoparentalité à succès. Chez cette espèce, les couples de mâles récupèrent des œufs qui ont été abandonnés par des paires mixtes. Ils vont ensuite les couver, puis s'occuper des petits. Leur succès reproducteur est souvent plus important qu'un couple hétérosexuel. La raison : chez cette espèce, ce sont les mâles qui contrôlent les territoires. Un couple de deux mâles a donc un territoire beaucoup plus grand, ce qui signifie plus de nourriture et une meilleure protection pour leurs rejetons!