Fascinants flamants!

Fascinants flamants!
Tuesday, April 23, 2024

Tout a été dit, ou presque, sur l’origine de leur belle couleur rose : le secret réside dans les pigments de caroténoïde contenus dans leur alimentation. Mais au-delà de leur réjouissant plumage, les flamants roses sont des oiseaux particuliers à plus d’un point de vue : des structures couvertes de petits poils les aident à s’alimenter, ils peuvent supporter des températures supérieures à 50°C et parviennent à dormir en équilibre sur une seule patte, haute de 50 cm. 

Intrigués? 

En cette journée internationale du flamant rose, on s’invite chez le splendide flamant des Caraïbes!

Le Zoo de Granby héberge une colonie de 21 oiseaux, ce qui est relativement petit, si on compare aux rassemblements qui peuvent avoir lieu en nature. 

Qu’il s’agisse de migrer, de se nourrir, de se reproduire ou de se reposer, les flamants font toujours TOUT en groupe, et leur nombre peut être très impressionnant : il est courant de compter des milliers, des dizaines de milliers, voir un million d’oiseaux vivant dans une même colonie! 

On compte six espèces de flamants roses, dont le flamant des Caraïbes, hébergé au Zoo de Granby.

Adapté aux conditions les plus difficiles

Lugune Colorado en Bolivie

Il serait mal avisé de se laisser berner par la frivole couleur de son plumage et son apparente fragilité : le flamant est une force de la nature, bâti pour des conditions extrêmes qui feraient pâlir une grande majorité d’espèces animales. 

 D’abord, ce sont des oiseaux qui se sont adaptés à un type d’habitat très particulier. Les lagunes privilégiées par les flamants sont alcalines (avec un pH pouvant atteindre 11) et salines, avec une concentration en sel pouvant être jusqu’à deux fois plus élevée que celle de l’eau de mer!

Ils peuvent tolérer des concentrations très élevées de chlorure, de carbonate de sodium, de sulfates ou de fluorure dans les eaux saumâtres où ils s’alimentent. Ils semblent également insensibles aux effets caustiques d’une eau très alcaline, qui devrait normalement altérer les tissus vivants avec lesquels elle entre en contact. Ils en boivent sans problème, même lorsque la température de l’eau approche du point d’ébullition (près des sources d’eau chaude et des geysers).

Les berges des étendues d’eau utilisées par ces oiseaux sont souvent dépourvues de végétation, particulièrement celles utilisées en période de reproduction, et entourées d’un rivage à caractère désertique : les flamants peuvent supporter des températures pouvant largement dépasser les 50°C, conditions ayant été prouvées intolérables pour de nombreuses espèces animales. 

Ces magnifiques oiseaux parviennent à réguler leur température corporelle notamment par échange de chaleur via la circulation sanguine dans leurs longues pattes exposées à l’air ou à l’eau : une forme de radiateur naturel!

Un parfait équilibriste

Quiconque a déjà tenté de se maintenir sur une seule jambe, les yeux fermés, peut apprécier la parfaite maitrise du flamant rose. Mais de là à dormir dans cette position, la tête renversée dans le plumage, il y a de quoi susciter l’admiration : mais comment s’y prend-il?

D’abord, aussi aberrant que ça puisse paraitre, le flamant dort sur une seule patte afin d’économiser son énergie : lorsque les températures nocturnes plongent, l’oiseau minimise les pertes de chaleur en cachant l’une de ses échasses dans son plumage. 

De plus, lorsque l’oiseau relève une patte, son corps se relâche et bascule légèrement vers l'avant sous l'effet de la gravité. Il se bloque alors dans une position d'une grande stabilité, qui minimise la dépense d’énergie, bien campé sur sa patte palmée. 

L’oiseau serait également en meilleure position pour réagir promptement en cas d’attaque de prédateur que s’il était couché au sol.

S’alimenter par filtration

Le bec recourbé du flamant est unique dans le règne animal. Les deux mandibules sont courbées vers le bas et le bord est recouvert de petites lamelles. Celles-ci sont formées de structures cornées qui sont disposées en rangées et recouvertes de petits poils qui peuvent être redressés ou aplatis au besoin. La mandibule supérieure est un peu plus courte que la mandibule inférieure. La langue est épaisse et recouverte de petits piquants.

La méthode de « pêche » par filtration du flamant est unique chez les oiseaux et s’apparente à celle employée par les baleines à fanons. 

Comme ses proies sont de petite taille (algues, diatomées et invertébrés), l’oiseau fait entrer l’eau à l’intérieur de son bec par succion, puis repousse l’eau en dehors avec sa langue (la langue se déplace d’avant en arrière, un peu comme le mouvement d’un piston). Les particules contenues dans l’eau restent alors prisonnières des lamelles.

La filtration est également facilitée par les petits poils recouvrant la structure cornée des lamelles. Lorsque l’eau pénètre dans le bec, les petits poils adoptent une position couchée, ce qui laisse passer les particules. Lorsque l’eau est ensuite expulsée, ces poils se redressent pour faciliter la filtration et retenir plus de nourriture. 

Les particules de sable sont trop petites pour être retenues et sont expulsées avec l’eau, ce qui permet à l’oiseau de se nourrir d’organismes cachés dans la boue et les sédiments : les crustacés n’ont qu’à bien se tenir!

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