La valse des saisons de reproduction
La nature est un théâtre où les saisons d'accouplement jouent un rôle crucial dans la survie des espèces. Cependant, lorsque ces mêmes espèces se retrouvent dans un environnement où divers facteurs sont contrôlés, comme dans un zoo, les dynamiques de reproduction peuvent changer. Préparez-vous à découvrir un monde où la nature et la science se rencontrent pour assurer la pérennité des espèces.


Moment de tendresse croqué sur le vif!
Récemment, un couple de visiteurs a partagé avec nous un cliché de nos deux petits pandas en plein ébat! Il s’agissait de la première observation d’accouplement chez nos deux petits pensionnaires roux, une preuve photo que la chimie est bien au rendez-vous. Et qui sait, une prochaine génération de petits pandas est peut-être en développement : il ne reste plus qu’à se croiser les doigts!
Le petit panda est l’un des rares mammifères hébergés au Zoo dont la saison d’accouplement en milieu zoologique respecte celle observée en nature. S’il est souvent associé au printemps dans l’hémisphère Nord, ce prélude aux naissances n’obéit pas à une loi universelle qui correspond aux besoins de tous : plusieurs facteurs entrent en ligne de compte et dictent ces moments d’intimité.
Crédit photo : Marc Dalpé
Reproduction saisonnière
Certaines espèces animales ne s'accouplent avec succès qu'à des périodes précises de l'année, souvent guidées par la longueur du jour. C’est le cas du petit panda, dont les accouplements se déroulent de janvier à mars.
Cette stratégie permet de maximiser les chances de survie des petits en synchronisant les naissances avec certains facteurs de succès, comme la clémence des températures et l’abondance de nourriture, par exemple.
Pendant cette période spécifique, l'intérêt sexuel et les comportements reproductifs sont exprimés et acceptés par les deux partenaires.
Chez les femelles reproductrices saisonnières, les cycles œstraux n'apparaissent que lorsqu'elles sont prêtes et réceptives à l'accouplement.
Le reste de l'année, elles sont en phase d'anœstrus, marquée par l'absence de cycle sexuel.

Reproduction opportuniste
Les espèces reproductrices opportunistes, aussi appelées reproducteurs flexibles, s’accouplent dès que leur environnement devient propice.
Contrairement aux espèces qui synchronisent leur reproduction avec la durée du jour, ces animaux réagissent à des signaux plus immédiats, comme la pluie, l’abondance soudaine de nourriture ou les variations de température.
La disponibilité de sites de reproduction appropriés joue aussi un rôle clé, car ceux-ci peuvent n’apparaître qu’après de fortes précipitations, par exemple. C’est le cas chez plusieurs espèces de grenouilles.
Ces reproducteurs se distinguent des espèces saisonnières, dont le cycle reproductif est directement influencé par la photopériode, et des reproducteurs continus, comme les humains, qui peuvent s’accoupler toute l’année.
Reproduction continue et le cas des animaux en milieu zoologique

Les espèces dites « reproducteurs continus » ont la capacité de s’accoupler et de se reproduire à n’importe quel moment de l’année.
On pense notamment aux humains et aux grands singes, comme les bonobos, les chimpanzés, les gorilles, les orangs-outans et les gibbons, qui peuvent donner naissance à des petits sans se limiter à une saison spécifique.
Chez ces espèces, la disponibilité des ressources ou l’attente de conditions favorables ne sont généralement pas un enjeu.
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C’est un peu l’environnement qui est recréé en milieu zoologique et qui vient parfois brouiller les stratégies observées en nature.
Ici, pas besoin d’attendre la saison des pluies ou la fin de l’hiver antarctique, ou le passage de proies migratrices : plusieurs reproducteurs opportunistes deviennent ainsi des reproducteurs continus, si on leur en donne l’occasion! C’est le cas de nombreuses espèces de félins, dont le lion d’Afrique.
En milieu zoologique, les naissances doivent donc être contrôlées, notamment en fonction de l’espace disponible, de la génétique des individus et de la représentation de l’espèce dans l’ensemble des institutions accréditées : on veut éviter de se retrouver en surpopulation ou à l’inverse, avec trop peu d’individus pour assurer le maintien d’une population saine.
Le Plan de survie des espèces (SSP) est l’un des outils mis en place pour le suivi des populations d’espèces animales en milieu zoologique accrédité, généralement à statut précaire en nature. L’organisme suit la génétique des animaux sous nos soins et propose des recommandations de reproduction entre certains individus compatibles.
Si Crimson et Maple ont eu le feu vert du SSP, tous les espoirs de reproduction reposent maintenant sur eux.
Car s’il y a une chose qu’on ne peut contrôler et qui reste un mystère, c’est l’attraction qui s’exerce entre les individus.
Chez les pandas, le courant entre les partenaires passe essentiellement par des marqueurs olfactifs: avec Maple, la belle Crimson a-t-elle trouvé parfum à son nez? Seul l’avenir nous le dira!