Les animaux qui transitent d’un zoo à l’autre!
Alors que plusieurs d’entre nous ressentent l’appel du Sud avec l’arrivée de l’hiver, on vous propose une incursion au cœur des déplacements animaliers : comment ça se passe quand on souhaite faire venir un nouveau zèbre des États-Unis, ou envoyer un tigre à Calgary?
Les animaux ont-ils besoin d’un passeport? Une girafe peut-elle voyager par avion?
Faites vos valises pour un petit voyage au cœur d’un aspect méconnu, soit les transferts entre institutions zoologiques.
Une planification pré-départ complexe
Faire voyager des animaux exotiques d’une institution zoologique à une autre ne se fait pas en criant RHINO!
Lorsque la décision de transférer un animal est prise, une impressionnante coordination se met en branle. C’est un processus qui peut prendre quelques mois à plus d’une année, parfois deux!
Le transport d’une espèce menacée entre deux institutions de nationalités différentes est plus long et plus complexe que le déplacement d’un lama entre le Zoo de Granby et le Zoo de Toronto, par exemple.
Pour se déplacer, les animaux n’ont pas besoin d’un passeport, mais bon nombre d’espèces ont besoin de permis, dont un permis CITES d’exportation ou d’importation (ou les deux!).
La CITES, c’est la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction. Dans le cas d’une institution zoologique, un permis CITES est la permission de procéder à l’échange international d’un animal en toute légalité.
Quelque 6 610 espèces animales et 34 310 espèces végétales sont protégées par la CITES. Au Canada, un permis CITES est émis dans un délai de 40 jours, en quelques semaines pour les pays de l’Union européenne, alors qu’aux États-Unis cela peut prendre entre 6 et... 24 mois!
Comme pour notre passeport, ce sont les douaniers qui ont la responsabilité de faire la vérification des permis, mais ils sont en plus assistés par les agents de la faune. Chaque permis doit être présenté à l’agence des services frontaliers à la sortie du pays exportateur et à l’entrée du pays importateur.
Voyager en santé!
Le (ou les!) permis en poche, l’animal qui entre ou qui sort du pays doit nécessairement être accompagné d’un certificat de santé (vétérinaire).
Selon l’espèce et les exigences du pays, les informations qui y figurent et les examens qui doivent être réalisés varient beaucoup.
Pour l’importation au Canada, selon l’espèce, les vétérinaires de l’institution zoologique auront leurs propres demandes médicales (ex. : vaccin à jour, poids, état de chair, bilan sanguin, etc.).
Au niveau provincial, toujours selon l’espèce, c’est le ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs qui émet ses recommandations pour les animaux qui arrivent soit d’une autre province, soit d’un autre pays.
Finalement, au niveau fédéral, les exigences médicales sont établies par l’Agence canadienne d’inspection des aliments (ACIA). Mais pourquoi l’Agence canadienne d’inspection des aliments puisqu’il n’est aucunement question de manger l’animal ?! Tout simplement parce que les vétérinaires de l’ACIA doivent s’assurer qu’aucune maladie d’origine animale ne puisse entrer au pays et risquer de contaminer les animaux sauvages et d’élevage destinés à la consommation humaine.
Le Zoo de Granby se prépare d’ailleurs au départ de deux de ses colobes Guéréza, Naïa et Zuba, et nous avons accompagné l’équipe vétérinaire pour la réalisation de l’un des tests requis pour le certificat médical et l’obtention du permis, soit celui visant à confirmer que nos animaux ne sont pas porteurs de la tuberculose.
Un petit arrêt au vet!
Par avion ou par bateau?
Lorsque tous les voyants sont au vert et que toutes les formalités sont complétées, c’est le moment d’organiser le transport! Dans la mesure du possible, le trajet le plus court sera privilégié, que ce soit par avion ou par transport terrestre.
Dans le choix du transport, l’important sera en fait de privilégier le bien-être animal et la sécurité de tous. En théorie, tous les animaux peuvent voyager par avion (oui, même les éléphants!). Toutefois, en pratique, ce n’est pas si simple.
Le transport par avion dépend de la taille de l’animal, des dimensions et du poids de sa boite de transport, de la grosseur de l’appareil, de la destination, de la disponibilité des vols, etc. De plus, ce ne sont pas toutes les compagnies aériennes qui acceptent les animaux. Et par-dessus tout cela, il faut en plus tenir compte de la période de l’année, de la température de la ville de départ et de la ville d’arrivée, etc.
Les animaux peuvent être expédiés sur des vols entièrement cargo ou sur des vols commerciaux de passagers. Dans ce cas, ils voyagent alors en soute avec les bagages et autres marchandises. Il n’est donc pas impossible que lors de votre prochain voyage, il y ait un tigre ou un lémur sur le même vol que vous!
Les animaux voyageant par avion doivent obligatoirement être installés dans des boites de transport conformes aux exigences de l’IATA (International Air Transport Association). Un manuel dictant les normes à suivre est publié chaque année. Chaque expéditeur doit donc s’assurer de construire (ou modifier) une boite de transport de manière à ce qu’elle soit conforme.
Eau et nourriture accompagnent l’animal en transit et selon la durée du vol, du personnel du Zoo d’origine peut également faire le voyage afin de prodiguer les soins nécessaires.