Quatre gaillards sous un même toit!
Le Zoo de Granby héberge 4 gorilles mâles qui, jusqu’au printemps dernier, cohabitaient en duo : Zwalani et Jawara d’un côté, et Louis et Kuchimba de l’autre. Mais voilà, les experts animaliers du Zoo souhaitaient que les 4 costauds de près de 150 kg puissent cohabiter : partager l’ensemble des espaces disponibles et profiter des bienfaits de la socialisation entre les individus, essentielle à cette espèce.
Mais si le Zoo de Granby fait partie des quelques institutions qui parviennent à faire cohabiter des mâles célibataires avec succès, c’est qu’il s’applique avec méthode à bien faire les choses!
Les gorilles sont des animaux sociaux qui vivent en groupe.
Les clans familiaux sont généralement composés d’un mâle mature, appelé le dos d’argent, de quelques femelles et de leurs jeunes. Lorsqu’ils atteignent la maturité sexuelle, les jeunes mâles quittent leur groupe et se rassemblent parfois, le temps de fonder leur propre clan familial, ce qui peut prendre quelques années : certains n’y parviennent jamais.
Comme en nature, les jeunes mâles nés en milieu zoologique doivent quitter leur clan familial parvenu à un certain âge, question d’éviter les confrontations avec leur géniteur.
Certaines institutions se spécialisent donc dans l’hébergement et la gestion de groupes de mâles célibataires, comme c’est le cas au Zoo de Granby.
L'introduction
Introduire un nouvel individu dans un groupe (ou, comme ce fut le cas ici, deux duos ensemble) n’est pas une mince affaire : le processus est graduel, méthodique, et requiert un investissement de temps important de la part de l’équipe de soin.
Non seulement faut-il provisoirement revoir l’organisation de l’espace et des repas différemment, mais on doit consacrer de longues heures à observer le comportement des individus à chacune des étapes d’introduction. Les mâles commencent par se voir et se sentir, puis vient l’étape où ils peuvent s’approcher, séparés par un grillage.
Une excellente connaissance de l’espèce, mais surtout des individus, permet d’entreprendre l’étape ultime, soit d’autoriser un contact direct entre les individus, sous supervision. Et oui, un tel processus déplace de l’air!
Comme dans n’importe quel groupe social, une hiérarchie basée sur la dominance des individus doit s’établir afin de permettre au groupe de fonctionner dans un certain ordre.
Comme on peut s’y attendre, les démonstrations d’intimidation et de dominance peuvent être spectaculaires chez des animaux de cette taille et de cette force : équipés de canines imposantes, ces grands herbivores peuvent même parfois s’infliger des blessures, certaines pouvant nous sembler impressionnantes. Mais la nature étant bien faite, les gorilles possèdent naturellement un pouvoir de guérison surprenant, favorisant une cicatrisation propre et rapide de coupures même profondes.
Qu’à cela ne tienne, l’équipe vétérinaire se tient toujours prête pour intervenir au besoin! En introduisant les individus ensemble de manière graduelle, on minimise le besoin d’intervenir (et de devoir tout recommencer!) et on maximise les chances de réussite!
Mais si une telle introduction est si délicate, pourquoi la tenter?
Tout simplement parce qu’au final, la cohabitation est bénéfique pour la santé physique et mentale des individus.
Soit, durant l’établissement de la dominance, quelques démonstrations de force et quelques bobos superficiels sont échangés : il n’est d’ailleurs pas exclu que vous soyez témoins d’un peu de brasse-camarade chez nos gorilles lors de votre prochaine visite. Mais au final, la présence des autres enrichit le quotidien de chacun et vient combler les besoins sociaux qui sont nécessaires à leur bien-être.
C’est en gardant cet objectif en tête que nos équipes d’experts se sont investies dans ce processus de plusieurs semaines et peuvent se dire mission accomplie, nos 4 gaillards vivant désormais sous un même toit!