<p>Un été complètement «tortue»</p>
Un été complètement «tortue»
Depuis près de 15 ans, les biologistes du Zoo de Granby ont développé une expertise peu commune au service d’une espèce menacée bien de chez nous : la tortue molle à épines. Ce reptile ne se trouve plus qu’à un seul endroit au Québec, soit dans la région du lac Champlain, et nos passionnés de la conservation procèdent année après année à l’incubation de dizaines d’œufs en laboratoire afin de les protéger des agressions extérieures et leur donner une chance supplémentaire de survie.
Et cette année, une nouvelle espèce tout aussi menacée a profité de l’attention de notre équipe de biologistes : la tortue des bois!
À la rescousse de la tortue molle à épines depuis 2009
C’est le programme de conservation qui roule depuis le plus longtemps au Zoo et dont les résultats parlent d’eux-mêmes : depuis la toute première fois où des œufs récoltés en nature ont été incubés en laboratoire, 2 337 petites tortues ont profité de ce coup de pouce salutaire et ont été relâchées en nature.
Pour une espèce dont la population québécoise est estiméeestimée à moins de 300 individus à la frontière partagée entre le Québec et le Vermont, il s’agit d’une belle réussite qui assure aux petites rescapées une meilleure chance de se reproduire un jour à leur tour!
Mais l’incubation des œufs en laboratoire ne se fait pas en criant tortue! Des paramètres précis de température et d’humidité sont nécessaires, de même qu’un substrat adapté et un protocole bien précis. Au Québec, seuls les experts autorisés par le ministère responsable (MELCCFP) peuvent obtenir l’autorisation de collecter les œufs de tortues et les incuber en milieu contrôlé dans un objectif de conservation et de rétablissement de l’espèce : ce n’est surtout pas à tenter à la maison!
Comment trouve-t-on un nid de tortue molle à épine?
Avec BEAUCOUP de patience! Les biologistes peuvent attendre immobiles des journées entières à leur poste d’observation à scruter les berges en attendant qu’une tortue se pointe, prête à pondre. Une fois sa besogne accomplie, la tortue retourne à l’eau et le biologiste se glisse sur la plage et déterre délicatement les précieux œufs. Afin d’apprendre la technique et permettre aux biologistes de se pratiquer, une formation est toujours faite au printemps, avant la saison de ponte… avec des balles de ping-pong ensevelies!
En 2023, c’est donc 12 nids qui ont été collectés et 227 œufs placés en incubation, protégés des aléas de Dame Nature et des prédateurs, comme les moufettes et les ratons laveurs.
Le succès de ce programme de conservation a de nouveau été souligné de belle façon lors de la 5e édition du Festival Mikinak de Pike River notamment, entièrement dédié à la tortue molle à épines !
Une quarantaine de petites tortues ont été relâchées dans le milieu naturel pour l’occasion par des dizaines de citoyens enthousiastes!
La tortue des bois sur le radar de nos biologistes
À l’été 2023, la tortue des bois s’est ajoutée à la liste des projets de conservation des biologistes du Zoo. Dès la mi-mai, des caméras ont été installées à certains endroits le long de la rivière le Renne, dans la MRC d'Acton Vale, afin de surveiller les sites de ponte 24 h/24, 7 jours sur 7!
Sur place 2 jours par semaine, les biologistes révisaient alors les images enregistrées (plus de 97 000 photos!) et tentaient de retrouver les nids. Au total, 6 nids ont été identifiés et protégés par des grillages anti-prédateurs.
Un autre projet, celui-là à la rivière Tomifobia avec notre partenaire du COGESAF, a permis d’incuber des œufs de tortues des bois pour la première fois au Zoo de Granby. C’est 9 futures petites tortues qui ont été protégées des dangers et ont pu compléter leur incubation : considérant que la population de cette espèce est extrêmement rare en Estrie, l’initiative de notre équipe de conservation pourrait avoir un impact énorme sur leurs chances de survie de cette espèce à long terme au sud du Québec!