Vulnérable ou menacé : comment s’y retrouver !?
Le rhinocéros blanc est quasi menacé, alors que le rhinocéros de Java est en danger critique d’extinction. Le mandrill est classé vulnérable alors que le suricate est une préoccupation mineure. Le statut de conservation d'un groupe d'organismes (par exemple, une espèce) indique si le groupe existe toujours et quelle est la probabilité qu'il disparaisse dans un avenir proche. C’est une valeur qui sert notamment à guider les mesures de conservation autour d’une espèce, à signifier l’urgence d’agir. Mais pourquoi l’une profite d’un statut plutôt qu’un autre et surtout pourquoi une majorité d’espèces n’ont même pas de statut connu? On vous aide à y voir plus clair!
L'évaluation du statut
De nombreux facteurs sont pris en compte lors de l'évaluation du statut de conservation d’un groupe d’organismes: non seulement le nombre d'individus restants, mais aussi l'augmentation ou la diminution globale de la population au fil du temps, les taux de réussite au niveau de la reproduction et les menaces connues.
Par exemple, une espèce peut être relativement abondante en termes de nombre, mais vulnérable parce qu’on ne la retrouve qu’à un seul endroit dans le monde : c’est le cas des lémurs, que l’on ne retrouve que sur l’ile de Madagascar et qui subissent d’incroyables pressions, toutes espèces confondues.
Divers systèmes de statut de conservation sont utilisés aux niveaux internationaux, multinationaux, nationaux et locaux, ainsi que pour l'usage des consommateurs, comme les listes de conseils sur les produits de la mer durables et les certifications.
L'Union internationale pour la conservation de la nature
La Liste rouge des espèces menacées l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) est le système de classement et de liste d'espèces menacées le plus connu au monde. C’est un indicateur crucial de la santé de la biodiversité mondiale. Bien plus qu'une liste d'espèces et de leur statut, c'est un outil pour informer et catalyser des actions en faveur de la conservation de la biodiversité et des changements politiques, essentiels pour protéger les ressources naturelles dont nous avons besoin pour survivre. Elle fournit des informations sur l'aire de répartition, la taille de la population, l'habitat et l'écologie de l’espèce, l'utilisation et/ou le commerce, les menaces, et les actions susceptibles de guider les décisions en matière de conservation.
Les espèces sont classées en neuf groupes (ou 7 ou 8, selon la source) selon des critères tels que le taux de déclin, la taille de la population, la zone de distribution géographique et le degré de fragmentation de la population et de la distribution géographique :
- Éteint (EX) : Il n'y a pas d'individus vivants connus.
- Éteint à l'état sauvage (EW) : Connu uniquement pour survivre en captivité ou comme population naturalisée en dehors de son aire de répartition historique.
- En danger critique d'extinction (CR) : Risque le plus élevé d'extinction à l'état sauvage.
- En danger (EN) : Risque très élevé d'extinction à l'état sauvage.
- Vulnérable (VU) : Risque élevé d'extinction à l'état sauvage.
- Quasi menacé (NT) : Susceptible de devenir en danger dans un proche avenir.
- Préoccupation mineure (LC) : Risque très faible ; ne répond pas aux critères d'une catégorie de risque plus élevée et ne risque pas de devenir menacé dans un avenir proche. Les taxons largement répandus et abondants sont inclus dans cette catégorie.
- Données insuffisantes (DD) : Pas assez de données pour évaluer son risque d'extinction.
- Non évalué (NE) : N'a pas encore été évalué selon les critères
Actuellement, près de 163 000 espèces, végétales et animales, ont été recensées par l’UICN afin de les classifier sur la Liste rouge : 163 000 espèces sur plus de 8 millions d’espèces connues. Ça semble peu, mais ça demeure un travail colossal.
Les espèces difficiles d’accès (notamment les espèces marines) et la complexité à effectuer des inventaires fiables dans certains endroits du monde (notamment en zones de conflits) sont certains freins au recensement et à l’étude de certaines espèces : de plus, de nombreuses espèces vivantes nous sont encore complètement inconnues.
Il faut malheureusement se rendre à l’évidence : plusieurs sont donc vouées à disparaitre avant que l’on ne puisse les cibler officiellement comme espèces vulnérables aux activités humaines.
Comité sur la situation des espèces en péril du Canada
Le Canada possède également son propre système de classement des espèces indigènes. C’est le Comité sur la situation des espèces en péril du Canada (COSEPAC) qui a pour mandat d’évaluer la situation des espèces au pays.
Composé d’experts indépendants, il évalue le risque de disparition de la planète (ou du pays) d’une espèce ou sous-espèce.
Bien que les termes diffèrent un peu, on reconnait 7 catégories de statut au Canada : disparue, disparue du pays, en voie de disparition, menacée, préoccupante, non en péril, données insuffisantes.
La tortue molle à épines, sur laquelle le Zoo de Granby travaille activement au rétablissement sur le terrain, est une espèce désignée « en voie de disparition » au pays.
Chez nos voisins du sud, aux États-Unis, la même espèce n’est pas considérée menacée d’un point de vue fédéral… mais désignée menacée au Vermont. Ouf, pas facile de s’y retrouver!
Le Zoo de Granby héberge près de 25% d’espèces en péril dans la nature : bien qu’elles ne soient pas toujours les plus charismatiques, c’est de loin les espèces qui ont besoin du plus grand coup de pouce afin d’échapper à l’extinction.
Le cheval de Przewalski doit d’ailleurs sa survie, puis son rétablissement en nature, aux efforts d’institutions zoologiques et d’organismes de conservation dédiés.
Espèce officiellement éteinte en nature en 1969, elle ne survivait plus que dans une famélique population d’une trentaine d’individus, maintenus en captivité.
Des programmes de reproduction soutenus et de réintroduction dans le milieu naturel ont permis de sauver l’espèce : aujourd’hui, quelques centaines de chevaux parcourent librement les plaines de la Mongolie, en plus du millier réparti dans une trentaine d’institutions zoologiques.
Une histoire porteuse d’espoir!