La croissance d’un Zoo (1955 - 1965)
Aujourd’hui une entreprise touristique de premier plan au Québec et un organisme de conservation dédié à la préservation du monde animal,
le Zoo de Granby fête, en 2023, ses 70 ans d’existence. Pour l’occasion, on vous invite à découvrir, au fil des événements et d’une longue série d’anecdotes mémorables, ce qui a marqué les esprits et façonné son histoire.
Deuxième chapitre : la croissance d’un Zoo (1955 à 1965)
Bien installé sur son nouveau terrain et fort d’une popularité grandissante, le Zoo profite des relations internationales de Pierre-Horace Boivin pour gonfler le nombre de ses pensionnaires. Le Zoo de Londres concède à Granby des zèbres, un léopard et des manchots, alors que le Zoo de Paris échange un chimpanzé contre un couple d’ours noirs. Durant cette même période, le Zoo reçoit, du gouvernement du Congo, deux crocodiles et un chacal. C’est encore une fois l’une des relations du maire Boivin qui permet notamment le transport de tous ces animaux provenant des 4 coins de la planète : le capitaine Herman Kempf, des Poseidons Lines, transporte gratuitement, pour M. Boivin, les animaux jusqu’au port de Montréal. Pour le remercier, une rue du parc industriel de Granby porte d’ailleurs son nom!
L’une des arrivées les plus remarquées fut probablement celle de la girafe Berthe, en 1960 : suivie par un cortège d’autos et de camions entre Montréal et Granby, le long cou de la girafe menaçait d’accrocher les fils électriques qui traversaient la route (l’autoroute 10 n’existait pas à l’époque!) durant le transport. Son escorte a donc dû soulever les câbles à son passage et lui offrir des carottes pour lui faire baisser la tête!
L’arrivée du premier éléphant : Ambika
Fier de la popularité dont jouit son Zoo, le maire Boivin caresse le rêve d’offrir à la population un pensionnaire de taille : son tout premier éléphant! Il invite donc un jeune de la ville, Peter Marmorek, à écrire au président de l’Inde de l’époque, Jawaharlal Nehru, pour lui demander un éléphant au nom des enfants de Granby. Touché par la lettre et la pétition d’un millier de noms qui l’accompagne, Nehru s’engage alors à envoyer un éléphant à Granby.
En 1955, âgée de 3 ans et pesant près d’une demi-tonne, Ambika (nom d’une déesse hindoue) déambule triomphalement dans les rues de Granby, dont les écoles sont fermées pour l’occasion. L’année suivante, le Zoo se dote d’un tout nouveau pavillon des pachydermes, qui subira de nombreuses transformations par la suite.
Le plus célèbre pensionnaire du Zoo : Mumba
Aucun animal au Zoo n'a été aussi populaire que Mumba le gorille. Premier gorille mâle au Canada, il arrive à Granby en 1961 et devient instantanément une vedette : plus de 200 journaux à travers le pays en font le pensionnaire le plus célèbre que le Zoo de Granby ait connu. Étant donné l'ampleur des soins qui doivent lui être prodigués, il est d'abord confié à une famille de la région, la famille Charron, qui le bichonne comme un enfant. Évidemment, on ignorait à l'époque que ce contact rapproché avec les humains marquerait pour toujours le comportement du gorille: l'animal ne s'est, entre autres, jamais reproduit. La petite histoire de Mumba aura notamment permis de mieux comprendre les impacts de l'imprégnation humaine sur les espèces sauvages et d'encadrer les pratiques observées désormais dans notre institution.
Décédé à l'âge plus que vénérable de 48 ans, le souvenir de Mumba demeure bien présent dans l’esprit de ceux qui l’ont côtoyé. Vu sa valeur historique et patrimoniale dans l’histoire du pays, le Musée canadien de la Nature, situé à Ottawa, lui a consacré un espace dans l’une de ses expositions.
Bâtiment signature et baby-boom grand format!
Les besoins croissants de tous ses pensionnaires amènent le conseil d’administration du Zoo à poursuivre son développement. En 1962, l’architecte Paul-O. Trépanier propose les plans avant-gardistes de ce qui deviendra l’un des bâtiments iconiques de l’institution : le dôme géodésique. Destiné initialement aux ours polaires, l’espace abritera, au fil du temps, de nombreuses espèces, dont les macaques japonais et les grands-ducs d’Europe. Il sera, pendant un certain temps, intégré dans le logo de l’institution zoologique.
Au même moment, le Zoo célèbre la naissance d’un premier hippopotame au Canada! Originaire du Zoo de Copenhague, le couple formé de Sirène et Patriarche attire les foules et offre à la population un heureux événement fort médiatisé : le petit est nommé Alcide, en l’honneur de son parrain symbolique, le météorologue de l’époque à Radio-Canada, M. Alcide Ouellet. C’est non loin de 16 petits hippopotames qui porteront le nom d’Alcide au fil du temps, personnage qui deviendra la mascotte officielle du Zoo!
En 1965, le jeune Zoo de Granby compte déjà 131 espèces et attire des foules records provenant de toutes les régions du Québec : les familles font le voyage en autobus afin d’admirer ces animaux qu’ils n’avaient jamais vu autrement que dans des livres d’images!